Il est 16h et mes enfants dorment, ni à la bonne heure, ni au bon endroit mais ils dorment.
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Raphael s’est écroulé dans son parc avant que je ne remarque les signes de sommeil qui m’auraient permis de le coucher dans son lit.
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Elliot, lui, refuse la sieste depuis une semaine, à part l’attacher dans son lit, j’ai tout essayer…
Sauf qu’aujourd’hui à 15h, il était insupportable comme il l’est habituellement, les jours sans sieste, à 18heures…
Je l’ai menacé d’une fessée pour qu’il s’allonge dans le canapé et il s’y est endormi aussitôt…
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Mon salon est un champ de bataille, un train et ses rails manquent de me faire un croche pied.
Un biberon vide fait office de centre de table.
Une tasse traîne sur la table basse, au milieu de crayons, d’un vieux catalogue de jouets à moitié découpé, et d’une ou 2 petites voitures.
Un fauteuil d’enfant renversé devait être, il y a quelques minutes, un tremplin pour camion de pompier…
La chatte, toujours pas passée à l’heure d’hiver, me réclame son dîner c’est vrai qu’ici la nuit tombe à 16h.
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Je pourrais plier le linge entassé dans son panier, je pourrais laver le biberon et la tasse, je pourrais allumer l’ordinateur et écrire, je pourrais aussi passer un coup de balai, ça ne serait pas du luxe.
Mais en parlant de luxe, c’est celui de ne rien faire que j’ai choisi.
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Je regarde mes enfants et je les trouve beaux, un peu comme on admire la mer après une tempête.
Raphael a la moitié d’une serviette imbibée de lait sur le visage, une main en suspension, au dessus de sa tête, il ronfle, légèrement.
Tout d’un coup son visage et tout son corps se crispent, je pense à m’éclipser sur la pointe des pieds au cas où ses yeux s’ouvrent mais je lui caresse doucement le ventre et il s’apaise.
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Elliot est enroulé dans une couverture pleine de poils de chat, une tétine dans la bouche, une autre dans sa main.
Sous son bras, Rézo, son chien en peluche commence à glisser, comme s’il voulait échapper à l’étreinte.
Je me demande à quoi il rêve, se rends t’il compte que oui, sa maman avait raison, que oui, sa maman sait quand il est fatigué...
Certainement pas.
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Lui qui était tellement pénible, insupportable, insolent il y a un instant est tout d’un coup mon adorable petit garçon, un petit blondinet sensible et câlin.
Vient l’heure de le réveiller, je caresse ses cheveux je passe ma main dans son dos, résistant à l’envie de la passer sous son pull car elle est glacée.
Il se redresse, je lui tends un gâteau et je commence à lire son histoire préférée, celle qui commence par « Par un grand froid d’hiver, un gros loup velu aux longues dents pointues… », celle que l’on connaît par cœur, surtout quand les petits oiseaux pépient: « hou,hou, gare à vous, voici le plus féroce des loups »
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Soudain, au beau milieu de l’histoire, mon gentil Poussin qui n’avait jusque là ouvert la bouche que pour manger pour son gâteau se met à crier comme un sauvage: « Maman, les gros loups ça fait HOU et ça pue de la vache!»
Raphael a fait un bond d’un mètre cinquante au dessus de son parc, Agrippine a filé se recoucher …je l’aurais bien suivi.