Ces derniers temps, j´ai échangé des Email avec une jeune femme qui envisageait de s´installer dans notre région avec sa petite famille.
Elle me posait des questions sur la vie en Allemagne et je lui répondais, j´ai essayé d´être objective et de ne pas donner mon avis positif ou négatif sur telle ou telle différence entre la France et l´Allemagne.
Du fait de cette échange d´Email, le sujet del´immigration est revenu régulièrement à la maison.
Parce que je suis immigrée.
C´est quelque chose que je n´ai pas saisi de suite, quelque chose auquel, bêtement sans doute, je n´avais pas pensé en quittant la France.
Parce que l´Allemagne, c´est l´Europe, un pays frontalier, parce que la Bavière j´y allais souvent en vacances, je connaissais, je ne pensais pas être surprise.
Je n´avais pas le sentiment de partir vivre à l´étranger, c´était surtout pour moi une façon de quitter la région parisienne pour la province.
Mais c´est un autre pays, combien de fois ma mère, entendant mes exclamations me répondait stoïquement "autre pays, autres moeurs"...
Et autre moeurs auxquels il faut bien se faire parce qu´ici c´est moi l´étrangère, c´est à moi de m´adapter, de m´intégrer.
Je suis arrivée gonflée de mes certitudes de Française, sure d´avoir raison.
Et des certitudes, des convictions, des préjugés j´en avais, un paquet ,même,
(et quand on arrive avec des enfants que l´on a commencé à élever en France (Elliot avait 3 ans à notre arrivée), le paquet est énorme. )
J´ai du ranger mon esprit colonial, et admettre que parfois (rarement) j´ai tord.
Parfois, (souvent) j´ai raison, mais que c´est comme ça ici et qu´il va bien falloir m´y faire, parce que les Allemands, ils ont beau me recevoir avec beaucoup de gentillesse, ils n´ont pas l´intention de changer pour moi.
Être immigrée c´est aussi parfois, ne pas sentir chez soi, avoir envie de rentrer à la maison,
sauf que la maison, ce n´est plus tout à fait la maison, se rendre compte qu´en France on ne reconnaît plus tout à fait son chez soi parce qu´on en est partie depuis longtemps et finalement, ne plus trop savoir où on en a envie d´être.
Parfois seulement.
Parce qu´en général c´est découvrir d´autres choses, élargir son horizon, dans mon cas, en Allemagne c´est découvrir un autre rythme de vie, surtout.
Une vie de famille, facile, bien différente de celle que je menais en région parisienne.
Mais aussi une autre culture, d´autres fêtes, d´autres cuisines, d´autres musiques...
Une autre langue, qui malgré les difficultés à l´apprendre, rentre, petit à petit, et à ma grande fierté.
C´est parfois se sentir forte et victorieuse après un simple coup de fil, les choses prennent pour moi une autre dimension.
La vie quotidienne est moins facile pour moi, mais ça lui donne du charme, du piquant, être femme au foyer en France serait sans doute ennuyeux, ici, parfois, c´est un défi.
Je pense souvent aux autres, à celles qui sont parties plus loin, à celles qui n´ont pas suivi un indigène et je me dis que j´ai trouvé un bon compromis, un peu d´exotisme, sans être complètement déboussolée.
Je me demande souvent quand "Française" ne sera plus mon principal adjectif qualificatif, je ne sais pas si ça arrivera.
Aujourd´hui, je ne retournerais en France que contrainte par des circonstances malheureuses, demain je ne sais pas,
Il y a 5 ans seulement je n´avais encore dis oui à notre projet de déménagement.