En voiture, évidement, c’est toujours en voiture que ça se passe, je me demande pourquoi…
« Maman, est-ce que Papa sera un Opa? » (Opa:Papi allemand)
« Si Raphael ou toi, a des enfants, oui, Papa sera Opa, pourquoi tu me demandes ça? »
« Parce que ton Papa, à toi, il n’est pas papi, il est juste mort »
Quelques semaines plus tôt j’avais eu:
« Maman, est-ce que tu étais une petite fille de 4 ans quand ton papa est mort? »
Évidement la route se trouble, ma voix se casse.
Parce que ce petit garçon de 4 ans, sans en avoir conscience, dépoussière consciencieusement cette vieille peine.
Je ne l’avais pas vraiment oubliée, bien sûr, mais les années passant, la poussière dessus accumulée la rendait plus douce.
Il n’y est pour rien cet enfant, sa curiosité, son inquiétude aussi, est attisée parce que je tais ou ce dont je parle peu, mais que dire, que puis-je dire à un enfant.
Je lui raconte quelques souvenirs, je réponds à ses questions.
Mais je ne peux lui dire que j’enrage de me souvenir d’avantage de la douleur de la perte que des 13 années qui l’ont précédées.
Lui dire qu’il a la chance d’avoir un grand père formidable mais que j’enrage, moi, de ne pouvoir imaginer mon père en grand père, d’avoir oublié si vite ces détails qui auraient pu m’y aider.
Si vite…ça fait 20 ans aujourd’hui.
PRECISION:
j´ai hésité à publier ce billet, à cause de la famille qui lit ce blog (mais je l´ai fait quand même parce que forcément ces derniers jours j´y pense beaucoup et que ce à quoi je pense fini toujours par sortir, de ma bouche ou de mes doigts...) et d´autre part j´ai hésité à bloquer les commentaires. (parce que je n´ai ni envie, ni besoin qu´on me tapote virtuellement l´épaule)
Mais le commentaire de ma cousine, ou celui de Delphine sont finalement ceux que j´attendais.
Si Elliot se pose des questions et craint pour son propre père, ce n´est pas forcément parce que je parle mal ou pas assez du mien, c´est juste parce que comme pas mal d'autres enfants, il a presque 5 ans et s´interroge.
Et que ca ne signifie pas qu´ils sont traumatisés...